Contribution à l’article « Abus sexuels au sein de l’église Catholique, bis repetita… »

(En noir le texte orignial https://cyrusdmbengue.wordpress.com/2019/03/08/abus-sexuels-au-sein-de-leglise-catholique-bis-repetita/ et en bleu ma contribution)

Abus sexuels au sein de l’église Catholique, bis repetita…

Publié par MBENGUE MOUKOURI CYRUS DARIEL

Le problème relatif aux abus sexuels au sein de l’Eglise Catholique est d’une nauséabonde récurrence. Il existera encore longtemps, pour la simple raison que les intérêts de la communauté Catholique vont dans le sens du statu-quo. Par la grâce de Dieu j’espère que non! Les médias, les associations comme « Parole libérée » et les travaux documentaires ne laissent pas les laïcs et religieux indifférents (laïcs et religieux de bonne volonté j’entends). Ainsi je crois que ceux qui comme moi restent catholiques -à la suite de Jésus-Christ- ne pourront plus l’être comme avant (s’il y’a des cathos qui se demandent comment? nous pourrons réfléchir ensemble sur le sujet, pour ma part j’ai 2, 3 idées en tête). Par ailleurs, je pense que tant que le mal existe dans le monde, au sein de l’Eglise Catholique il y aura malheureusement toujours de sombres histoires mais la culture du silence et des pseudo-punitions doivent, elles, cesser. Je vais  développer cette thèse en 3 points : le mariage des prêtres, l’universalité de l’Eglise Catholique et le statut du prêtre.

1-Le mariage des prêtres

Il s’agit d’une proposition présente au sein de l’opinion publique internationale depuis des années. Cette réforme fait sens. Etant donné que les prêtres sont avant tout des hommes, ils abritent des besoins sexuels, et le fait de les priver de femmes a pour conséquence de dévier ces besoins ailleurs. Cet ailleurs est nécessairement sombre, parce qu’il est interdit aux prêtres de dévoiler leurs sentiments amoureux ou libidineux dans la lumière, au vu de tous.

Certes, il y en a qui ne s’embarrassent pas de l’interdit, et qui vivent leurs passions de manière dévoilée. Ils disposent d’amantes qu’ils visitent régulièrement, leur faisant même parfois cadeau d’une progéniture.

Les abus sexuels,  – sur les enfants/les Soeurs –  dans bien des cas, concernent les autres. Ceux qui tiennent à ce que la haute opinion d’homme d’Eglise que la communauté leur renvoie, demeure intacte. Ils ne peuvent donc pas courtiser des adultes extérieurs à leur communauté, adultes qui peuvent les repousser, et ébruiter l’affaire.

Dans le même temps, le corps a ses exigences qu’il faut satisfaire. C’est à ce moment que les pauvres enfants font irruption dans ce film d’horreur. Ils sont fragiles, manipulables, et avec eux, il y a l’avantage du secret. Lorsqu’ils subissent des attouchements, ils ne réalisent pas ce qui se passe, et l’autorité morale des prêtres suffit à les rassurer de ce qu’il n’y a rien de mal dans la manœuvre. Comme souvent lorsque l’on veut légitimer quelque chose de sinistre vis-à-vis d’un croyant, c’est la prétendue volonté de Dieu que l’on agite. L’enfant étant de toute façon auprès du prêtre parce qu’il aime un Dieu qu’il ne voit pas, il n’a aucune raison de douter de l’envoyé de Dieu qu’il voit.

– J’aurais bien voulu mener un développement sur le fait que l’enfant aime un Dieu qu’il n’a pas choisi, mais ce n’est pas le sujet, et je me fâcherai probablement avec mes amis chrétiens. Ou plutôt, ils se fâcheraient contre moi. Prochainement, promis. –

Les Soeurs, elles, sont beaucoup plus matures que les enfants. Le viol d’une Soeur est particulier dans la mesure où il ne s’agit pas seulement de briser un être humain, mais aussi et surtout de détruire son idéal de pureté virginal. Contrairement aux enfants, les Soeurs sont pleinement conscientes de ce qui se passe, mais vers qui se tourner sans souiller leur choix de vie à jamais ?  Et même, le corporatisme des prêtres est le tombeau de toute tentative de plainte. Là aussi, le secret est a priori bien gardé, sauf cas de grossesse.

C’est vrai de dire que les prêtres sont des hommes avant tout. Ainsi comme tout être humain, ils ont des besoins sexuels, mais ils sont aussi dotés de liberté. Laisser aller ses pulsions tel un animal vis à vis d’un être mineur ou majeur contre sa volonté ou usant de malices pour violer sa liberté, est un crime qui à mon avis ne se justifie pas.

Plusieurs propositions s’offrent d’ailleurs à ceux qui ne supporteraient pas ce célibat:

  • Quitter les ordres ce qui serait simple et noble. Car, pourquoi s’infliger à soi-même une règle opprimante? Le sacerdoce est-il le seul moyen de s’approcher de Dieu? Non! Alors pourquoi se châtier ainsi? D’ailleurs dans le cas des prêtres occidentaux l’on ne peut pas avancer les raisons économiques car ils pourront vivre des allocations ou même retrouver du boulot (ils ont à minima BAC+5 voire plus). Par ailleurs, il a déjà été vu des prêtres -moi j’en ai vu 3 au Cameroun- qui ont quitté les ordres et se sont remariés. Chez les people on peut citer notre cher Eboussi Boulaga qui avait quitté les ordres jésuites (pour d’autres raisons certes mais je prends cet exemple pour nous montrer que c’est possible).

– Prendre des concubines comme tu le mentionnes si bien dans ton développement plus bas.

  • Prétexter une retraite spirituelle au Pays-Bas et aller s’amuser en Hollande (le commerce du sexe y est autorisé). Pour ne citer que ce pays, puisque dans toutes les villes du monde le commerce officieux ou clandestin du sexe existe.
  • Etre prêtre dans les Eglises catholiques orthodoxe, copte, syriaque occidental, maronite, syriaque oriental, byzantin ou d’Ethiopie où les prêtres peuvent en général se marier. Ces Eglises sont en communion (unies) avec l’Eglise catholique romaine. Ainsi il serait envisageable d’être prêtre catholique X et marié.
  • Etre pasteur protestant. De saintes personnes y sont comme ailleurs je tiens à le préciser.
  • Se marier et attendre que ses enfants soient majeurs pour être diacre consacré. Ainsi, pouvoir mettre la Chasuble blanche et tous les boubous qui vont avec, baptiser des enfants, tout en ayant une femme (femme vis à vis de qui on est bien sûr fidèle). Je m’arrête là.

J’ai lu çà et là, des interventions laissant entendre que le mariage des prêtres n’est pas la solution. Les arguments y relatifs étaient pertinents et imagés, à tel point que je prends plaisir à les rappeler : « Il suffit d’allumer la télévision de temps en temps, pour se rendre compte de ce que la pédophilie existe aussi en dehors de l’Eglise » ; « Ce n’est pas en instituant la polygamie que l’adultère disparaîtra »… Ces points de vue soulignent le fait que la validation du mariage des prêtres ne supprimera pas les abus, ce qui est correct.

Merci souligner ces points assez intéressants.

Les chiffres sur le tourisme sexuel et la pédopornographie dans le monde sont alarmants. Ci-dessous une petite parenthèse sur le sujet pour ceux que ça intéresse,

– Violences sexuelles sur mineurs

« Selon l’UNICEF, près de 3 millions d’enfants seraient chaque année victimes d’exploitation sexuelle dans un cadre commercial. Selon l’Organisation Internationale du Travail, 1 800 000 enfants seraient victimes de prostitution ou participeraient à des activités pédopornographiques. En outre, toujours selon l’OIT, 1 200 000 enfants feraient l’objet de trafics, dont une partie à des fins d’exploitation sexuelle. »

  • Violences sexuelles sur majeur en France

Respectivement 62 000 femmes et 2 700 hommes seraient victime d’au moins un viol ou une tentative de viol (soit 1 femme sur 320 et 1 homme sur 10 000). 

Est-ce que le mariage des prêtres permettrait de diminuer tout au moins ces pratiques? À en voir les chiffres au niveau mondial j’ai de gros doutes!

Toutefois, l’erreur est de penser qu’une solution a nécessairement pour but de résoudre entièrement un problème. A défaut d’éradiquer une épidémie, on peut la canaliser. Pour combien de temps avant le passage à l’acte ? Le mariage des prêtres permettra de désorienter les pulsions sexuelles inappropriées vers des relations saines. Pas toutes, certainement. Il y en a pour qui la pédophilie est un péché mignon, et ils ne s’en détourneraient point, même en échange de tout un harem de Nicki Minaj.

Une pulsion sexuelle inappropriée est une pulsion sexuelle inappropriée. Ainsi il faut peut-être l’éduquer et ou la soigner (s’il s’agit d’une pathologie). Pourquoi je dis cela? Parce que j’ai peur pour la future femme peut-être violée lorsqu’elle dira « non » un soir ou pour les enfants de Mr le curé lorsque la pulsion inappropriée surgira tel un brusque éternuement.

La pédophilie: péché mignon.

Jusqu’à une époque, elle n’était pas considérée comme une faute grave, au niveau social. L’apologie de la pédophilie a longtemps été ouvertement soutenue dans certains milieux intellectuels occidentaux (en France notamment vers la fin des années 70).  A titre d’exemple dans les années 77 des journaux comme Libération donnaient librement la parole aux défenseurs « des relations mineurs-majeurs » (le terme employé pour désigner ces actes en dit long sur la représentation que s’en faisaient certains). A cette même époque les célèbres Les Editions de Minuits publiaient des œuvres d’auteurs de la même mouvance, sans que ces derniers soient inquiétés.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus taper: apologie de la pédophilie (attention ça sent très mauvais). Pour ma part je pense que ce vent nauséabond qui a soufflé sur de nombreux pays d’Europe a certainement soufflé dans l’Eglise catholique.

Il fut un temps où les prêtres avaient le droit de se marier, et il est bien lointain. Les conciles de Nicée (325), de Latran (1123) et de Trente (1145) ont détricoté progressivement leur droit de vivre des relations charnelles comme tout être humain.

Au-delà des raisons philosophico-morales qui ont été développées par des théologiens pour justifier le célibat, il y a la question de l’héritage – c’est toujours une affaire d’argent –

Le fait est que si les prêtres disposaient d’une progéniture pouvant réclamer de manière légitime les biens de leurs parents, le patrimoine de l’Eglise s’en trouverait secoué. Il est donc préférable, pour l’intérêt de cette institution, que les prêtres ne fondent pas de familles formelles, afin que les droits de succession y relatifs ne puissent causer des démangeaisons au porte-monnaie du Vatican.

Le sujet de l’argent n’est jamais loin comme tu fais bien de souligner. Mais les siècles qui séparent les différents conciles montrent la difficulté du sujet. C’est dire que si le volet économique était conséquent un seul concile aurait suffi. Différentes générations et époques aux contextes économiques divers s’y sont collées.

Le concile de Carthage en 390, soit après le concile de Nicée parle plus d’observer la continence, sans en faire la règle stricte qu’elle sera 700 siècles plus tard. Il souligne également les racines de cette règle qui datent d’avant la grande expansion du catholicisme mené par des rois et empereur tel Constantin (ceux-ci ayant des impératifs politiques et économiques forts).

« Il convient que les saints évêques et les prêtres de Dieu, ainsi que les lévites, c’est-à-dire ceux qui sont au service des sacrements divins, observent une continence parfaite, afin de pouvoir obtenir en toute simplicité ce qu’ils demandent à Dieu ; ce qu’enseignèrent les apôtres, et ce que l’antiquité elle-même a observé, faisons en sorte, nous aussi, de le garder. » 

Il ne faut pas perdre de vue que si les prêtres avant cette période pouvaient être des hommes mariés, ils devaient l’être avant l’ordination. Une fois ordonnés, dans les premiers siècles de l’Eglise la plupart observaient la continence (ils ne devaient d’ailleurs pas vivre avec leurs épouses). De plus, l’évêque était principalement choisi parmi les hommes célibataires.

Par ailleurs, la réflexion théologique ne propose pas le célibat uniquement aux prêtres et sœurs. La phrase de Jésus dans la Bible s’adresse en réalité à tous baptisés « il y a des personnes qui ont choisi de ne pas se marier à cause du Royaume des cieux ». C’est notamment pourquoi dans l’Eglise catholique il y’a le laïcat consacré: ce sont des laïcs qui pour beaucoup vivent dans le « monde » (manière simplette de dire hors d’un couvent), ont des emplois (gèrent leurs sous) et se gardent chastes pour le Christ. Par ailleurs, de nombreux pères de l’Eglise bien avant les épineuses questions d’héritage ont réfléchi en long et en large sur la question (Saint Augustin).

En somme la raison économique n’est qu’une fine branche du flot de raisons théologiques et coutumières qui entourent cette question depuis des millénaires. Le sujet n’a d’ailleurs jamais été clôt.

2- L’universalité de l’Eglise

L’une des obsessions de l’Eglise Catholique, c’est son universalité. Je parlerai humblement de vocation, celle d’annoncer le Christ en acte et en parole. Si c’était véritablement une obsession je pense que tous les cathos seraient des saints (mais hélas! quand je me vois… bref) En clair, le Christ est la solution aux maux de tous. Dès lors, il faut répandre sa parole. Seulement, pour mettre sur pied une telle stratégie,  une ressource humaine kilométrique est inévitable(415 656 prêtres environ au niveau mondial. Nous sommes loin d’une ressource kilométrique pour le moment). Des hommes d’Eglise doivent être aux quatre coins de la planète. C’est exact, mais pas que le demi-million de prêtres. Des laïcs aussi vont aux quatre coins de la planète annoncer l’évangile (petit exemple : Fidesco).

Dans ce cas de figure, est-il encore simple de procéder à une sélection rigoureuse du personnel ecclésial ? Et lorsqu’on sait que l’une des difficultés de l’Eglise actuellement est la crise des vocations, doit-on encore être surpris du tout-venant que l’on y rencontre ?

Très vrai, face à la crise des vocations, le discernement des hommes (qui ne peut être parfait) n’a pas toujours été bien éclairé.

Parce que l’Eglise a besoin de troupes de plus en plus nombreuses – augmentation de la population mondiale oblige, surtout en Afrique et en Amérique Latine –, elle amasse en son sein des hommes qui n’ont pas les dispositions nécessaires pour cet idéal – qui n’existe que dans les livres -. Résultat des courses, des prêtres ne s’accrochent à l’Eglise que parce qu’ils sont conscients des avantages financiers et du statut que leur confère leur mission.

De quels prêtres parle-t-on? De ceux d’Afrique ou de ceux qui sont les plus visés par les scandales? Les premiers je pense sans cracher sur mes frères ont naturellement plus besoin d’argent que les seconds. Les seconds pourraient bosser (taux d’emploi des cadres élevé en Europe) ou vivre des allocations et bénéficier des soins gratuits de la sécurité sociale. En outre, je tiens à préciser que le train de vie des premiers et des seconds est à l’heure actuel très différent (je n’en dirais pas plus).

Les loups étant dans la bergerie, des abus peuvent être commis sur des enfants/Sœurs en toute impunité. – il existe bien évidemment des Sœurs qui n’ont pas besoin qu’on les contraigne à quoi que ce soit, car elles-mêmes sujettes aux mêmes carences  – 

Comme je le disais plus haut, les intérêts financiers ne sont jamais très loin. Plus il y a de prêtres, plus l’on peut construire des paroisses, plus les fidèles se mobilisent, plus le produit des quêtes est satisfaisant.

Ça pourrait être vrai mais hélas! Si l’Eglise catholique était principalement muée par la quête effrénée de l’argent et de clients, des mesures bien plus efficaces sur le plan économiques auraient été prises. Sans être spécialiste, j’aurai modestement suggéré de:

  • Vendre les bénédictions d’eau, huile, sel et sacrements à prix sérieux (honnêtement vu les prix actuels elle tourne à perte « la concurrence » fait mieux)
  • Mettre un montant obligatoire pour le denier de l’Eglise (en France par exemple pas de montant exigé, au Cameroun montant fixé 2500f pour les étudiants à mon époque, et même si tu ne règles pas ta note tu es free)
  • Rendre le devoir de payer sa quête obligatoire à chaque messe (allez tout le monde debout, pas de chichis)
  • Faire payer les arriérés de denier annuel à ces cathos qui viennent juste demander des messes quand il y’a deuil ou urgence médicale.
  • Faire payer les visites des églises et basiliques adulées par les touristes dans le monde (La Basilique Notre Dame de Paris a été plus visitée que la tour Eiffel en 2018 avec 14 millions de visiteurs, le Sacré Coeur n’est pas loin avec 10M. Mettre une petite somme de 5 euros pour la visite voilà qui ferait rentrer bien des sous. Sans parler de Saint Pierre de Rome en libre-service. Quelles négligences!)
  • Faire payer des frais supplémentaires à tous les non cathos qui sont inscrit dans les écoles, universités catholiques à travers le monde. Vue l’arsenal au niveau mondial, voilà une mesure sérieuse! Carte de baptême Mademoiselle? Je ne l’ai pas, désolée petite majoration de 15%!

Je dis tout cela pour rigoler mais les 2000 ans du catholicisme sont jonchés de techniques que je pourrais même qualifier d’escroqueries et d’antipapes bien habiles pour se remplir les poches. Je ne nie pas la présence de prélats avides ou cupides souvent bien placés (ex: les scandales à la banque du Vatican). Mais à l’heure actuelle, si la volonté première du Vatican était de lutter pour sa survie pour des fins économiques, des moyens plus habiles seraient mis en place. A l’ère où nous sommes, nous avons sévèrement régressé en matière escroquerie vis-à-vis des fidèles (Grâce à Dieu).

Il faut donc faire un choix entre d’une part la sélection rigoureuse des prêtres, qui entraînera nécessairement une réduction des effectifs, et d’autre part la réduction de l’expansion de l’Eglise, entraînant des baisses de recettes. Je n’ai pas l’impression que les structures dirigeantes de l’Eglise y voient un choix cornélien, au contraire.

Un documentaire de France 2 traitant de la question des abus sexuels au sein de l’Eglise Catholique nous renseignait il y a quelques mois de ce que dans bien des cas, lorsque des scandales de ce type éclatent en interne, en guise de sanction, l’on ne fait que réaffecter tel ou tel prélat sur un autre continent. Ce n’est que lorsque le scandale devient public que des excuses et des démissions sont présentées, ou des enquêtes internes annoncées, à grand renfort de caméras.

Il est peu probable que l’Eglise se décide à épurer ses troupes. Depuis trop longtemps, elle a décidé de s’enfermer dans une omerta digne d’une mafia de haute facture.  Dix mille fois sur mille, elle préfère protéger l’image de l’institution, aux dépens des souffrances des victimes.

A ce sujet tu as malheureusement raison (phrase soulignée).

Toutefois, je pense que les choses vont changer parce que les victimes iront je l’espère directement à la justice afin qu’une simple affectation ne soit la pseudo-punition infligée. Aussi, la libération de la parole va donner plus de force aux victimes pour dénoncer ces actes. Comme beaucoup le disent la honte doit  va changer de camp.

Qu’à cela ne tienne, il est important de remarquer que le fait qu’il y ait des fuites au sein de l’Eglise nous renseigne aussi de ce qu’il existe  – et heureusement – des prêtres vertueux qui sont agacés par les dérives de leurs collègues.

3-Le statut du prêtre

Ce troisième point, est pour moi l’un des nœuds du problème: le cléricalisme!

« Le cléricalisme désigne une manière déviante de concevoir le clergé, une déférence excessive et une tendance à lui conférer une supériorité morale. ».

Ce point est particulier, parce qu’il touche à la conception que des – article indéfini – fidèles ont de l’homme d’Eglise. On le sait faillible, mais quand-même au-dessus des autres. Une parole critique à l’endroit d’un évêque est vécue presque comme une trahison par certains. La société – je ne parle pas des autorités – a permis cela. Ainsi, même lorsqu’un homme d’Eglise commet quelque chose de grave au sein de sa communauté, il n’est considéré comme un justiciable ordinaire. Il bénéficie d’une protection sociale assez particulière. On préfère fermer les yeux – ou ne pas les ouvrir entièrement – , parce que c’est lui qui a procédé au mariage d’un fils, au baptême d’un neveu, à l’ordination d’un frère… En somme, parce que c’est l’envoyé de Dieu à qui l’on confie sa vie spirituelle, et plus si affinités. Au nom de la foi, on le défend bec et ongles, lui  le messager du Christ. 

Nos dirigeants eux-mêmes, pour beaucoup croyants, vouent la même fascination aux hommes de Dieu. Dans un environnement comme celui-là, il est difficile d’être ferme lorsque des abus sont constatés, à moins que des proches ne soient véritablement concernés.

Dans le contexte marqué par les trois déterminants susmentionnés, ce n’est pas demain que les Sœurs et les enfants pourront évoluer plus sereinement au sein de l’Eglise Catholique. Et je ne suis pas certain que la solution réside dans la prière. 

Pour ma part je pense que nos enfants évolueront dans l’Eglise, comme ils évoluent dans la société. Ainsi, ils évolueront aux côtés des « bons » et des « méchants » si je peux me permettre cette catégorisation binaire. Néanmoins je suis convaincue que de nombreux catholiques du moins pour ceux qui restent catholiques ne peuvent plus l’être comme avant.

Allons-nous aveuglement laisser nos enfants être « enfants de messe » sans tout au moins les aviser sur la sacralité de leur corps, qui n’appartient qu’à eux? Allons-nous toujours penser que protéger un prêtre c’est protéger l’Eglise (en passant moi qui pour protéger les choses de Dieu chacun son job)? Allons-nous continuer de refuser, nous laïcs, de nous former? (Petite parenthèse: les femmes, mères d’enfants, qui ont des places importantes au Vatican ont des CVs effrayants tant dans les sciences qu’en théologie)

Surtout allons-nous comprendre que notre idéal absolu doit rester le Christ (bien que la charité de mon frère croyant ou non puisse m’édifier)? J’ose espérer que non!

« La lune resplendit, pourtant sa lumière n’est pas la sienne, mais celle d’un autre. Elle est ténèbre et dans le même temps lumière; tout en étant en elle-même sombre, elle resplendit en vertu d’un autre dont elle reflète la lumière. Précisément pour cette raison, elle symbolise l’Église, laquelle resplendit également, même si, en elle-même, elle est sombre; elle n’est pas lumineuse en vertu de sa lumière propre, mais du vrai soleil, Jésus-Christ, de sorte que, tout en étant seulement terre (la lune n’est rien de plus qu’une autre terre), elle aussi est également en mesure d’éclairer la nuit de notre éloignement de Dieu – «La lune raconte le mystère du Christ» . » Pape Benoit XVI

Heureusement, par la force de la prière, carburant de notre action, j’ai la foi que quelques un du milliard de baptisés s’engageront courageusement à aider l’Eglise à faire la vérité sur Elle-même.

« Le travail de vérité que l’Église doit vivre concerne tous ses membres et est un service à rendre à l’humanité. Nous pouvions penser être la part la plus sainte de l’humanité. Assurément, il y a des saints parmi nous et beaucoup de sainteté dans le peuple de Dieu. L’ivraie est pourtant plus nombreuse et plus enracinée que nous ne voulions ou ne pouvions le voir. » + Éric de Moulins-Beaufort

La vie est trop brève pour être petite
Faisons d’elle une balade inédite

©M² CD

Merci Dariel de nous pousser à réfléchir. 

Emmanuelle

 

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